MUSÉE SOULAGES, RODEZ
CHAISSAC & CoBrA : Sous le signe du serpent
16 NOVEMBRE 2021 - 8 MAI 2022
Exposition dédiée à Vanessa Noizet, historienne de l’art
Pour la première fois en France une exposition réunit l’œuvre de l’artiste français Gaston Chaissac (1910-1964) et des artistes du groupe CoBrA. Elle célèbrera les familiarités plastiques, les profonds bouleversements propres à ces représentants de l’art d’après-guerre. Francs- tireurs de l’art moderne, Chaissac et les CoBrA, dans le même temps -ne serait-ce que par leur proximité avec le critique Michel Ragon- sont d’essence populaire ; leur art fait écho à la précarité, à l’enfance et à l’imagination. Leur art exalte la vie, l’invention et la spontanéité. Chez les uns une irruption, chez l’autre une durée.
Chaissac&CoBrA Sous les signe du serpent à Rodez prolonge l’exposition organisée au Kunstmuseum Den Haag (KMDH) : CoBrA en Chaissac Zielsverwanten. Le fil directeur diffère d’un lieu à l’autre, « l’homme-orchestre» en Aveyron, les peintres pyrotechniques de CoBrA aux Pays-Bas.
Karel Appel, woman with cat (femme avec chat), 1950. Kunstmuseum Den Haag.
Photo : Alice de Groot. © Karel Appel Foundation / Adagp, Paris 2021
Le serpent est là, lové ou déroulé, comme un emblème et comme un itinéraire créatif ni univoque ni convenu. Dans son poème l’« Ode à l’ogre », Gaston Chaissac écrivait : « Le chant de l’oiseau encagé avec le serpent repu, voilà mon art. Gens qui passez, écoutez ma voix dans la foire. Cohue serpentante, rire grossier, de fausset, de triste, d’enfiévré, fanfare d’armistice où on siffle à sa guise ». Cette cohue serpentante est donnée à voir à Rodez avec un intérêt pour des matériaux métamorphosés, dans l’effusion libertaire propres aux autodidactes : le grenier encombré de Karel Appel et la décharge municipale de Gaston Chaissac se répondent… Le choix scénographique est fait de ces rapprochements.
Gaston Chaissac, sans titre (porte de placard), 1953.
MASC, musée d’art moderne et contemporain des Sables d’Olonne
© Hugo Maertens, Bruges © Adagp, Paris, 2021
Cet accrochage, plus de 140, compte peintures, dessins, collages, objets, lettres, des totems issus de collections privées majeures, de musées néerlandais, principalement du KMDH, de la Karel Appel Foundation, pour les œuvres de CoBrA ; des œuvres provenant de fonds privés exceptionnels (suisses et belges notamment), de collections publiques françaises, dont le riche musée de l’Abbaye Sainte-Croix des Sables d’Olonne, de galeries de référence, pour les œuvres de Gaston Chaissac. Le Centre Georges Pompidou a été généreux.
L’exposition témoigne d’une affinité étonnante entre ces artistes, pour la forme et pour le contenu. Elle privilégie les œuvres les plus novatrices. Chez ces artistes, l’intensité des couleurs en aplats associées à une énergie linéaire spontanée et créative donnent lieu à une expressivité presque magique. Bien que le nom CoBrA s’inspire des villes originaires de ses membres (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam), il fonctionne avec une unité d’objectifs notamment politiques et poétiques. Avec la figure du serpent, l’art du groupe CoBrA se donne un pouvoir incantatoire et primordial. Dans l’œuvre de Chaissac, le serpent agit comme motif visuel et immédiat, à la fois un symbole mystérieux et archaïque, mais aussi magnifique et menaçant. Le mouvement CoBrA est né en 1948 à Paris d’un acronyme choisi par ses membres fondateurs Christian Dotremont, Asger Jorn, Joseph Noiret, Corneille, Karel Appel, Constant. C’est un groupe expérimental né de rencontres aux Pays-Bas, au Danemark, en Belgique. Des artistes comme Pierre Alechinsky, Carl-Henning Pedersen, Henry Heerup… d’autres avec des degrés variables d’implication les rejoignirent. CoBrA déjoue les élites, ne choisit pas entre l’abstraction triomphante et la figuration lénifiante des années 50. Les CoBrA, font du social et de l’agitation politique, introduisent l’écriture dans la peinture. « Nous avons constaté que nos façons de vivre, de travailler, de sentir étaient communes ; nous nous entendons sur le plan pratique et nous refusons de nous embrigader dans une théorique artificielle ; Nous travaillons ensemble et nous travaillerons ensemble ». Les CoBrA, contemporains de Pierre Soulages, formaient un groupe qui s’éparpillera.
Serpent coupé en deux, trois, quatre… Serpent qui, par magie naturelle, poursuivra son chemin en individualités singulières et agissantes.
Gaston Chaissac, personnage serpent enroulé, 1949.
Collection particulière, courtesy Nathan Fine Art (Potsdam/Zurich).
© Adagp, Paris, 2021
Gaston Chaissac se déclarait en 1946 comme le « peintre rustique moderne », un créateur au cœur du monde rural, tandis que les CoBrA vivaient dans la ville, notamment Karel Appel avec ses Vragende kindern (Enfants interrogateurs, des mendiants des cités).
Au début des années 50, les CoBrA étaient souvent à Paris où Chaissac comptait bon nombres de ses correspondants. Gaston Chaissac fut reconnu d’abord par d’autres artistes. « Un maître nous est né ! » s’est exclamé le sculpteur Otto Freundlich quand il a vu pour la première fois les dessins et aquarelles de Chaissac. Il présenta le délicat autodidacte auprès des cercles intellectuels et artistiques de Paris qui tinrent son œuvre en haute estime dans les années 1940 et 1950. Parmi ses amis et mécènes le plus importants, l’artiste Jean Dubuffet fut captivé par le personnage et son approche plastique. Les artistes proches de corps et d’esprit de Chaissac, furent néanmoins les CoBrA. Même si il n’en rencontra aucun.
Constant, het laddertje (L’échelle), 1949. MASC, Kunstmuseum Den Haag
Photo: Alice de Groot. © Adagp, Paris, 2021
L’œuvre de Chaissac ressemble parfois de manière étonnante à celle de ses homologues néerlandais, Karel Appel (1921-2006) et Constant (1920-2005). Ou vice versa. Tous étaient aussi habiles en dessin qu’en peinture. Leur passion créative les a conduits à incorporer et transformer des objets du quotidien : balais, poteries, paniers et branches d’arbre, souches sont devenus des objets enchantés. Gaston Chaissac et les artistes de CoBrA ont aussi partagé une attitude critique envers la convention et les traditions. Ils ont écarté le savoir et l’apprentissage pour privilégier la création d’un art basé sur la source inépuisable de l’imagination. Chaissac n’a pas reçu une éducation académique, mais a retenu la capacité d’accéder aux pouvoirs primordiaux de l’intuition et de l’invention : Il devint une figure littéraire de la NRF : contes, correspondance, poèmes, chroniques…
Les artistes de CoBrA (1948-1951) ont créé des œuvres collectives. Chaissac rêvait de travailler avec d’autres artistes, au sein d’un phalanstère comme celui d’Albert Gleizes. Suivant sa femme institutrice laïque en Vendée, il pousuivit son oeuvre de plus en plus éloigné des foyers d’art, travaillant dans un isolement quasi total. Ses œuvres se fondent sur le profond désir de faire partie d’un groupe et d’être compris par des personnes qui partagent sa vision. Les « Bonshommes », avec leurs contours noirs, des cernes bordant la surface picturale, et les personnages-totems et hiératiques repoussent le sens commun et l’adversité. Dans ces premiers écrits, Chaissac raconte des histoires sans début ni fin. Ses écrits, ses lettres à l’écriture galopante et hérissée sont envoyées à des personnalités ou à des inconnus ; elles se transforment vite en symboles énigmatiques.
Angelika Affentranger-Kirchtrach et Benoît Decron,
commissaires de l’exposition
Musée Soulages - Rodez
Jardin du Foirail Avenue Victor Hugo 12 000 RODEZ
+33 (0)5 65 73 82 60
+33 (0)5 65 73 83 57
www.musee-soulages-rodez.fr
LES HORAIRES D’OUVERTURE
Toute l’année (sauf juillet et août)
Du mardi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h
Samedi et dimanche de 10h à 18h
juillet et août
Du lundi au dimanche de 10h à 18h
Billetterie et réservations en ligne :
musee-soulages-rodez.fr
LES TARIFS
TICKET MUSEES
Normal 11 € / Réduit 7 €
Le billet (valable 28 jours), donne également accès aux musées Fenaille
et Denys- Puech Gratuit pour les moins de 18 ans, étudiants, demandeurs d’emploi,
allocataires du RSA, titulaires du minimum vieillesse, accompagnateur groupe,
titulaires d’une carte de presse, de la carte Icom, Icomos, personnel des musées de France,
artistes membres de la Maison des artistes, donateurs
ABONNEMENT ANNUEL 25 €
(accès illimité aux 3 musées)
ACCÈS
Dans le département de l’Aveyron en Occitanie,
Rodez est situé au cœur du triangle Clermont-Ferrand, Toulouse et Montpellier.
Voiture :
A75 puis RN88.
Train :
Paris-Rodez Rodez-Toulouse
Avion :
Aéroport de Rodez-Aveyron, à 20 minutes du musée Soulages.
Liaison aérienne Paris-Rodez
En saison estivale, l’aéroport de Rodez propose d’autres destinations : Dublin, Londres et Charleroi...
plus d’infos : www.aeroport- rodez.fr