Les secrets de la Côte Vermeille
de Perpignan à Collioure...
© Jérôme Dunant
L’automne, superbe saison propice aux découvertes, loin du surtourisme estival, saison idéale pour flâner et découvrir ou redécouvrir les merveilles de l’hexagone. Baignés par un festival de couleurs chatoyantes et apaisantes, tous les paysages se transforment en tableaux vivants, sous la douce lueur d’un soleil automnal.
Perpignan fait partie de ces villes que l’on croit connaître, car ville de passage et véritable carrefour entre le nord et le sud, on y transite superficiellement sur la route des vacances vers la côte Vermeille, ou vers l’Espagne. Ce fut donc une réelle découverte tant au niveau architectural, culturel et gastronomique et une véritable odyssée de sensations pures et authentiques.
Mes déambulations seront guidées par une équipe locale de l’office du tourisme aussi dynamique que passionnée. Perpignan se distingue par l’absence de monuments iconiques qui caractérisent d’autres villes. Bien sûr, il y a le Castillet qui sert de repère aux visiteurs ainsi que la gare de Perpignan rendue célèbre par la déclaration métaphysique du peintre surréaliste Salvador Dali « la garrrrre de Perpignan c’est le nombril du monde » l’accent bien prononcé à souhait pour appuyer sa sentence, de ce truculent artiste catalan. Une sculpture des artistes Les Pritchard’s rend bien hommage au personnage en trônant fièrement devant les "Dames de France". Juché sur une chaise rouge-vermillon à la démesure de son talent, Dali nous ouvre les bras en signe de bienvenue agrémentée d’un rictus solaire. Voilà qui augure de bons moments en perspectives et incite à s’engouffrer avec curiosité au cœur même de la cité catalane.
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Quelques pas plus tard, mon hôte Nicolas de l’Office de Tourisme m’attend, tout impatient de me proposer un programme sur mesure pour percer les secrets de cette ancienne forteresse. Nous faisons connaissance dans un authentique restaurant japonais nommé le "Tokyo MenYa" qui n’a pas à rougir de la comparaison de ces compatriotes tokyoïtes tant la qualité est de mise, jusqu’au décor où l’on se croit le temps de la collation, dans le pays du soleil levant, accueil compris.
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Nicolas me présente Philippe Latger qui sera mon guide à travers les boulevards et ruelles pour découvrir l’incroyable patrimoine architectural Art déco de la ville, assurément le plus prolifique de France, chose bien souvent méconnue. Effectivement, Philippe me réapprend à lever les yeux, à prendre le temps d’observer les façades, où les grands noms d’architectes ont été à l’œuvre, tels que Alfred Joffre, Raoul Castan, Joseph Prudhomme, Louis Trenet, l’oncle de Charles et surtout Férid Muchir et Edouard Mas-Chancel. La liste n’est bien sûr pas exhaustive.
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Avec ses bâtiments élégants, ses façades géométriques et ses lignes stylisées, la ville abrite un patrimoine Art déco souvent ignoré, mais fascinant qui raconte une période charnière de son histoire architecturale. En 2015, la ville de Perpignan a d’ailleurs obtenu le label « Patrimoine du XXe siècle ». Créé en 1999 par le ministère de la Culture et de la Communication, ce label a pour vocation de signaler et de faire connaître au public les productions remarquables du XXe siècle, et qui présentent un intérêt patrimonial en tant que témoins d’une évolution technique, économique, politique, sociale et culturelle de notre société.
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L'Art déco est né à Paris dans les années 1910 et a pris de l'ampleur après l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Il se caractérise par des formes géométriques, des motifs stylisés, et un désir de modernité tout en restant décoratif et raffiné. Cette architecture s'inscrit dans une époque marquée par les progrès technologiques, l'essor de l'industrie, et un goût pour l'élégance et le luxe. Bien que moins célèbre que les grandes métropoles comme Paris ou Lyon, Perpignan possède un patrimoine Art déco remarquable, souvent discret, et qui mérite d'être exploré. Les quartiers résidentiels de Perpignan abritent plusieurs exemples d'immeubles et d'hôtels particuliers construits dans les années 1920 et 1930, parmi eux, certains se distinguent par leurs façades travaillées, ornées de motifs géométriques typiques de l'Art déco, ainsi que par leurs balcons en fer forgé aux motifs stylisés.
Le quartier Saint-Martin, par exemple, est un bon point de départ pour découvrir ce type d'architecture. Ses rues offrent une vision harmonieuse des différents styles qui cohabitent, entre néo-classicisme et Art déco, avec des immeubles élégants, souvent agrémentés de frises décoratives ou de bas-reliefs représentant des motifs floraux ou animaliers. L'ancien Cinéma le Castillet, avec ses courbes élégantes et ses balcons imposants, est un exemple typique de cette époque, même si le bâtiment a subi quelques modifications au fil des ans, ses lignes d’origine rappellent l’esthétique Art déco, qui allie fonctionnalité et esthétique. Certaines villas construites dans les quartiers plus résidentiels de la ville révèlent également des éléments d’inspiration Art déco, ces maisons bourgeoises, souvent commandées par des familles aisées, se distinguent par des façades ornées de mosaïques, de motifs en fer forgé, ainsi que par des volumes cubiques, typiques du style.
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On ne s’en lasse pas, on en apperçoit dans toutes les rues à tous les carrefours, quelquefois agrémentées de bâtisses à l’architecture plus régionale ou dite "vingtième" annonciateur de l’Art nouveau. Une vraie découverte visuelle et culturelle grâce à Philippe aussi prolixe qu’érudit sur le sujet. Il est essentiel de continuer à valoriser et à préserver ces trésors architecturaux, qui racontent non seulement l’histoire de Perpignan, mais aussi celle de la France à un moment charnière de son histoire. Ces édifices Art déco, discrets, mais élégants constituent un patrimoine précieux, non seulement pour leur beauté, mais aussi pour ce qu’ils représentent : l’esprit d’innovation et le goût pour l’esthétique qui ont marqué le début du XXe siècle.
L’Art déco à Perpignan est un joyau architectural qui mérite d’être redécouvert à travers des bâtiments comme le Palais des Postes, les hôtels particuliers et les villas, cette esthétique moderniste a laissé une empreinte durable sur la ville. En prenant le temps d'explorer les rues de Perpignan avec un œil attentif, on peut percevoir les signes d'une époque où l'art et l'architecture étaient au service d'une vision ambitieuse de la modernité.
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Incontournables, la Maison Job et l’Hôtel Pams font bien entendu partie de la visite, là encore c’est une révélation de multiples beautés qui se dévoilent aux promeneurs.
Conçu par l'architecte Vigo Dorph Petersen, située au cœur de Perpignan, la Maison Job est un édifice emblématique qui incarne à la fois l'histoire industrielle et architecturale de la ville, ce bâtiment est un exemple remarquable de l'architecture Art nouveau, mêlant modernité et fonctionnalité. Cet ancien bâtiment industriel, érigé au début du XXe siècle, témoigne de l'essor économique de Perpignan durant cette période, notamment à travers l'industrie du papier à cigarettes, un secteur clé pour la région.
L'architecture de la Maison Job se distingue par un style unique qui conjugue innovation industrielle et élégance. Son ossature métallique, inspirée des travaux de Gustave Eiffel, permet de grandes ouvertures et une luminosité naturelle qui était révolutionnaire pour l'époque. Les éléments en fer forgé, notamment les balcons et les garde-corps, rappellent l'Art nouveau avec leurs motifs végétaux et leurs courbes élégantes.
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L’histoire de la Maison Job est intrinsèquement liée à celle de la fabrique de papiers à cigarettes Job, l'une des plus importantes de France à l'époque. Fondée en 1838 par Jean Bardou, cette entreprise familiale a su prospérer en répondant à une demande croissante de papiers fins pour les fumeurs, particulièrement en Espagne et en Amérique latine. À la fin du XIXe siècle, la famille Bardou connaît un succès immense et décide de construire de nouveaux bâtiments à Perpignan pour accroître sa production et son prestige, dont l’Hôtel Pams joyau de l’Art nouveau catalan.
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En 1852, Pierre Bardou acquiert un modeste hôtel particulier situé rue Émile Zola, dans le centre historique de Perpignan, c’est son gendre, Jules Pams, homme politique et ministre sous la Troisième République, qui hérite de la demeure. À partir de 1892, Pams décide de transformer la bâtisse en une résidence somptueuse, reflet de son statut social. Pour réaliser ce projet ambitieux, il fait à nouveau appel à l’architecte danois Viggo Dorph-Petersen, installé à Perpignan et réputé pour ses constructions inspirées du style néo-gothique et Art nouveau. Grâce à ce maître d'œuvre et à un ensemble d'artisans talentueux, l’hôtel particulier se mue en un véritable palais bourgeois, orné de peintures, fresques et sculptures aux influences hispaniques et orientales.
L'architecture de l'Hôtel Pams est un exemple impressionnant de l'éclectisme du début du XXe siècle, qui combine des éléments classiques et modernes avec des touches d'Art nouveau, alors en plein essor. Dès l'entrée, la porte monumentale en fer forgé invite à un voyage dans un univers de luxe et de raffinement. Le patio central est l'une des pièces maîtresses de l'hôtel, couvert d'une verrière qui baigne l’espace d’une lumière douce et naturelle. Entouré de colonnades ornées, le patio offre un espace de sérénité rappelant les cours intérieures des grandes demeures méditerranéennes. Le jardin qui prolonge l’hôtel est un écrin de verdure aux influences orientales, peuplé de sculptures et de fontaines, invitant à la contemplation. L’intérieur de l’hôtel est tout aussi impressionnant, des fresques murales, signées par des artistes comme Paul Gervais, ornent les murs des salons et des chambres. Ces œuvres, aux teintes chaudes et au style allégorique, rappellent la grandeur des palais italiens et espagnols. Le mobilier d’époque, les vitraux aux motifs floraux, ainsi que les plafonds décorés de stucs dorés et d’arabesques, créent une atmosphère à la fois intime et somptueuse.
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Si l’Hôtel Pams est aujourd’hui un site historique ouvert au public lors de certains événements, il fut autrefois un lieu de rencontres mondaines et artistiques. Jules Pams et son épouse, Joséphine, y accueillaient l’élite politique, culturelle et intellectuelle de l’époque. Des personnalités de premier plan, telles que le peintre catalan Aristide Maillol ou encore le sculpteur Auguste Rodin, figuraient parmi les invités réguliers. Ce salon mondain a ainsi contribué à renforcer les liens entre Perpignan et le monde artistique parisien, tout en affirmant la ville comme un centre culturel majeur du sud de la France.
En visitant cette demeure somptueuse, on ne découvre pas seulement l’histoire d’une famille, mais aussi celle d’une ville entière, imprégnée de l’art, de la politique et des échanges culturels. Un lieu à ne pas manquer pour quiconque souhaite plonger dans l'âme de Perpignan et revivre l'élégance de la Belle Époque.
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Nous avons parcouru des kilomètres sans nous en rendre compte et c’est tout naturellement que nous nous séparons, les yeux et la tête remplis d’étoiles, de savoir et de beauté, en sirotant une bière locale sur la place de la bourse. Retour vers le Castillet qui est toutefois le bâtiment emblématique de la ville et reste un repère géographique à tous nouveaux venus. Même si cela n’enlève rien de son charme on est surpris par la petite taille du monument dont on a vite fait le tour, mais rien d’étonnant quand on sait que finalement Castillet veut dire petit château en catalan.
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Le crépuscule assombrit déjà le ciel, je me dirige alors vers un lieu tout aussi iconique de la ville, le théâtre de l’Archipel bâti par le célèbre architecte Jean Nouvel en collaboration avec Brigitte Métra inauguré en 2011. Cet édifice moderne et audacieux est devenu un centre névralgique de la culture dans le sud de la France, il symbolise la vitalité artistique de la région, tout en offrant une diversité de spectacles allant du théâtre classique aux formes artistiques les plus contemporaines.
Espace des arts et de la culture à la forme ovoïde et d’un rouge aussi vif que celui du drapeau catalan sang et or, un bien bel hommage. La salle principale, baptisée le Grenat en référence à la pierre précieuse rouge emblématique des Pyrénées-Orientales, est un espace à la fois visuellement saisissant et acoustiquement performant. Son design, qui mêle formes géométriques et couleurs éclatantes, a pour but de refléter le caractère dynamique et cosmopolite de Perpignan, une ville à la croisée des cultures française et catalane. L’autre espace notable, la Boîte Noire, est une salle plus petite et modulable, idéale pour des productions plus intimistes ou expérimentales. Cet ensemble permet au Théâtre de l'Archipel de proposer une grande variété de formes artistiques, adaptées aussi bien aux grandes représentations qu’aux créations plus alternatives.
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Le concert de l’orchestre national de France, dont j’ai la chance d’être le spectateur, est à la hauteur de cet écrin, le tout résonne et s’harmonise à merveille, un pur moment d’extase, forcément trop court, même si la soirée se termine avec joie autour d’un cocktail dînatoire perché aux derniers étages de ce temple de la Culture. Pas moins de 7 étages plus hauts, le Rooftop ceinturé de terrasses, offre une vue panoramique sur la ville qui donne le vertige, le tout sous une constellation d’étoiles qui augurent d’une nuit douce et apaisante.
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Je regagne mon hôtel à pied, afin de profiter pleinement de la ville à la lueur de la lune et de retrouver toutes ces façades Art déco baignées d’une lumière mystique, c’est beau une ville la nuit. Par bonheur, les monuments sont éclairés la nuit, ce qui ne manque pas de les mettre en valeurs sous un autre angle et qui leur donne une allure expressionniste, quand on est photographe, cela devient un privilège et un plaisir rare dont on abuse sans modération.
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Les premières lueurs matinales me tirent d’un profond sommeil et je retrouve Nicolas devant le Castillet pour de nouvelles découvertes, de ruelles en ruelles nous arrivons dans un petit restaurant intimiste nommé "Au Goustous" à la cuisine familiale et locale simplement bonne et goûteuse. Le repas terminé, je laisse Nicolas à ces occupations professionnelles pour me diriger vers mon nouveau rendez-vous, en lieu et place du musée Hyacinthe Rigaud.
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C’est le Coup de cœur, ce musée plein centre dans une rue commerçante et une véritable surprise, tout simplement incontournable, il n’a rien à envier à d’autres musées pourtant plus connus, tel celui de Céret qui est aussi un très beau musée, mais celui-ci à un petit quelque chose en plus, un charme indicible qui opère de suite. Créé en 1833, le Musée Rigaud a bénéficié d’une importante rénovation entre 2015 et 2017, cette réhabilitation a impliqué la fusion de trois hôtels particuliers, dont l’hôtel de Lazerme et l’hôtel Mailly, il porte le nom du célèbre portraitiste Hyacinthe Rigaud, peintre officiel de Louis XIV, natif de Perpignan. La rénovation a également permis une mise en valeur des bâtiments historiques eux-mêmes, notamment la façade de l'hôtel de Lazerme, un chef-d'œuvre d’architecture du XVIIIe siècle. Le nouveau musée conjugue ainsi modernité et respect du patrimoine, offrant un écrin parfait aux œuvres exposées. Il accueille une superbe collection d’œuvres d’art, disséminée et misent élégamment en scène dans ces nombreuses salles chaleureuses.
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Le parcours est très bien pensé à travers une chronologie cohérente qui traverse les siècles du moyen âge à nos jours et forte d’une sélection d’œuvres d’art à faire pâlir d’envie les plus grands musées, c’est juste jubilatoire. Une bonne demi-journée est nécessaire si on veut apprécier à sa juste valeur toutes ces merveilles.
Bien entendu de nombreuses œuvres de Hyacinthe Rigaud sont présentes et c’est toujours un plaisir de découvrir ou redécouvrir ce très grand peintre, dont les toiles sont connues dans le monde entier de par les commanditaires illustres du peintre, je ne citerai que le portait de Louis XIV qui est la représentation du roi soleil la plus connue et la plus emblématique de nos jours encore. Ses œuvres, où transparaissent son souci du détail et son talent pour capturer l’âme de ses sujets, sont un point d’orgue du parcours.
Outre Rigaud, le musée expose des œuvres de grands maîtres de la peinture classique, comme Sébastien Bourdon, ainsi qu’une impressionnante collection d’art moderne, on y trouve des œuvres de Raoul Dufy, Jean Lurçat, ou encore Pablo Picasso, artistes qui ont marqué le XXe siècle. Le musée met également en lumière les artistes locaux, comme Aristide Maillol, sculpteur catalan, Georges-Daniel de Monfreid, et Etienne Terrus dont le musée conserve une importante collection de paysages du Roussillon.
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Avec ses 1 200 m² d'expositions et ses espaces lumineux, le musée propose un parcours fluide à travers ses collections permanentes et temporaires, le musée offre ainsi une plongée dans l’univers artistique de cette région au carrefour des influences catalanes, françaises et européennes. Au-delà des expositions, le Musée Rigaud est également un lieu d’échange et de médiation culturelle. Il propose des ateliers pour les enfants et les adultes, des conférences et des rencontres avec des artistes, permettant ainsi de renforcer le lien entre les œuvres et le public.
Cette volonté de rendre l’art accessible à tous est au cœur de la mission du musée. Le cadre même du musée, avec ses jardins intérieurs et ses cours, invite à la contemplation, les visiteurs peuvent déambuler entre les salles d’exposition et profiter des espaces extérieurs pour une pause sous le soleil catalan, créant ainsi un véritable dialogue entre art, histoire et nature. J’insiste, mais je suis tombé sous le charme de ce musée que j’ai eu le privilège de découvrir guidé par sa passionnante et passionnée directrice, madame Pascale Picard, que vous soyez un passionné d’art ou simplement curieux de découvrir l’histoire d’une région unique, le Musée Hyacinthe Rigaud saura vous surprendre et vous émerveiller.
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Encore une riche journée à Perpignan, je rejoins à présent l’hôtel pour être en forme le lendemain.
Nouvelle journée en terre catalane, je retrouve Nicolas pour un déjeuner dans un restaurant nommé « Les Platanes » loin du tumulte touristique et pourtant idéalement placé au centre-ville face au Castillet, encore une belle surprise culinaire dans la simplicité et le bon goût de l’entrée au dessert.
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Direction Collioure, à l’inverse de Perpignan qui, comme je le disais en préambule, est une ville finalement méconnue, la destination Collioure elle est plus que connue, même trop à mon goût, mais comment résister à autant de beauté. La recette d’un séjour réussi à Collioure est de venir hors saison, mais cela est valable pour toutes les villes me direz-vous et c’est tellement vrai. La devise de notre magazine est bien, « vivons heureux, vivons curieux », mais à contre-courant !
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Naturellement je serais plus bref dans ma visite sur Collioure, il se peut que l’on occulte encore quelques rues étroites, je vous invite donc à ne pas hésiter à vous perdre dans ces ruelles pentues qui se méritent et de grimper le plus haut possible afin de dominer la ville d’une vue imprenable et improbable, là est le secret de Collioure qui garde jalousement ses petits trésors. Les couleurs des façades rayonnent à l’unisson avec les bougainvilliers et autres plantes herbacées aussi vivaces que colorées, on comprend l’engouement des peintres pour cette ville, notamment pour les "fauvistes" amoureux d’une nature qui ne se laisse pas facilement dompter.
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Collioure est donc bien plus qu'une destination balnéaire pittoresque, elle est un lieu chargé d'histoire et d'art, notamment grâce à son rôle central dans l'émergence du Fauvisme, un mouvement artistique majeur du début du XXe siècle. En 1905, deux jeunes artistes français, Henri Matisse et André Derain, se rendent à Collioure à la recherche de nouveaux horizons, ils sont immédiatement séduits par la beauté sauvage du paysage, la lumière éclatante qui baigne le village, et les contrastes vibrants offerts par la mer et la montagne.
Pour ces artistes en quête d'un nouveau langage pictural, Collioure devient un laboratoire d'expérimentations artistiques. Ils s’y installent pour un été, travaillant intensément et c’est dans cette atmosphère de création que le Fauvisme va prendre forme. Le nom même de "Fauvisme" vient d'une critique du Salon d’Automne de 1905, où leurs œuvres sont exposées. Les couleurs flamboyantes et non naturalistes de leurs toiles, appliquées en larges aplats, surprennent et choquent le public, on surnomme alors les peintres de "fauves", des bêtes sauvages, à cause de la violence perçue dans leur usage audacieux des couleurs.
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Dans "Vue de Collioure" de Matisse, par exemple, les maisons aux façades ocre et rouge se détachent sur un ciel azur, tandis que la mer se pare de bleus profonds, les lignes sont simplifiées, les perspectives bousculées : le sujet de l’œuvre n’est plus seulement le paysage, mais bien la couleur elle-même. Le passage des Fauves à Collioure a marqué à jamais l’histoire du village.
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André Derain, quant à lui, capture Collioure avec une énergie similaire, comme dans sa toile "Bateaux à Collioure". Ses touches vigoureuses de bleu, de rouge et de jaune évoquent non seulement la lumière du port, mais aussi une atmosphère vibrante et joyeuse, presque irréelle. Ces peintures témoignent de la liberté créative qu’offrait le cadre naturel de Collioure aux artistes de l’époque. D’autres peintres, tels que Georges Braque ou Raoul Dufy, suivirent bientôt les traces de Matisse et Derain, séduits eux aussi par la lumière éclatante et les couleurs vives de la région.
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Comme je le précisais plus avant, on ne se lasse jamais de la beauté et c’est réellement un plaisir de se perdre ou faire semblant de se perdre dans Collioure, le tout agrémenté de quelques haltes pour savourer quelques spiritueux et se laisser porter par le charme indolent de la ville. Pour apprécier pleinement Collioure, il faut y habiter en son cœur et sélectionner un petit hôtel style pension de famille, comme "Le Mas des citronniers" idéalement situé et qui remplit toutes les conditions précitées. Il ne vous reste plus alors qu’a choisir l’un des nombreux restaurants ou estaminets pour vous restaurer comme il se doit en pays catalan, vous trouverez le restaurant "Le Jardin de Collioure", il est encaissé dans l'ancien cloître des dominicains, situé à la sortie de Collioure, un très bel espace doté d'une carte gourmande.
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La Catalogne, comme toute région, on y arrive avec des idées reçues et des clichés plein la tête, mais la réalité est bien plus intéressante et enivrante, je le rappelle encore, vivons heureux, vivons curieux !
Jérôme Dunant,
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Liens utiles :
Office de Tourisme de Perpignan
Place de La Loge
66000 Perpignan
Tél : 04 68 66 30 30
https://www.perpignantourisme.com
Restaurant Japonais Tokyo Menya
10 Rue Sébastien Vauban
66000 Perpignan
Tél. 06 64 05 56 67
https://www.tokyomenya.com
Restaurant Au Goustous
5 rue du Théâtre
66000 Perpignan
Tél: 06 19 89 41 76
https://au-goustous.eatbu.com/?lang=fr
Restaurant Les Platanes
2 Cours François Palmarole
66000 Perpignan
Tél. 09 84 30 74 46
https://www.facebook.com/lesplatanesperpignan/
Hôtel Holiday Inn Perpignan
Mas Des Arcades
840 Av. d'Espagne
66000 Perpignan
Tél. 04 68 85 11 11
https://www.ihg.com/holidayinn/hotels/fr/fr/perpignan/pgfra/hoteldetail
Théâtre de l'Archipel
Avenue Général Leclerc
66000 Perpignan
Accueil public & Billetterie : 04 68 62 62 00
https://www.theatredelarchipel.org
Musée d'Art Hyacinthe Rigaud
21 rue Mailly
66000 Perpignan
Tél. 04 68 66 19 83
https://www.musee-rigaud.fr
Office de Tourisme de Collioure
Place du 18 Juin
66190 Collioure
Tél. 04 68 82 15 47
https://www.tourisme-collioure.com
Hôtel le Mas des Citronniers
22 Rue de la République
66190 Collioure
Tél. 04 68 82 04 82
https://www.hotel-mas-des-citronniers.com/fr
Restaurant Le Jardin de Collioure
4 Rte de Port-Vendres
66190 Collioure
Tél. 04 68 95 12 52
https://www.lejardindecollioure.com