Ce rendez-vous mensuel est organisé en partenariat avec Archéologia et le Courrier des Yvelines.
C’est en 1933 que le Musée d’Archéologie nationale acquit une partie du mobilier découvert dans quatre tombes du début du Moyen Âge mises au jour sur la commune de Chaouilley (Meurthe-et-Moselle) par le docteur Voinot.
L’épée d’un « chef » mérovingien
La tombe n°20 était celle d’un homme inhumé avec une abondante vaisselle et un riche armement, dont cette épée remarquable. Il n’est pas rare de trouver des armes dans les tombes masculines de l’époque mérovingienne (476/486-751) : cette pratique est issue des traditions funéraires germaniques.
En revanche, l’épée s’inscrit dans la tradition de l’épée longue à une main (spatha) qui équipait à l’origine les cavaliers romains, puis toute l’armée impériale. L’impressionnante panoplie militaire du défunt, datée du milieu du VI siècle, comprend aussi bouclier, hache de lancer (communément surnommée « francisque »), lance et javelot, ainsi qu’arc et flèches.
Ensemble mobilier de la tombe 20. Chaouilley - Haut Moyen Âge. MAN 76747. © RMN-Gd Palais/J-G Berizzi
Un objet magnifique
Bien plus qu’une arme
La lame est en fer damassée – c’est-à-dire forgée à l’aide de barres de fer doux et carburé martelées ensemble. La garde, la fusée et le pommeau qui forment sa poignée étaient en matière périssable, vraisemblablement en bois.
Rappelons que l’épée était à l’époque une arme coûteuse. Or celle-ci était un modèle haut de gamme comme en témoigne la mince feuille d’argent qui recouvrait le bois du pommeau et de la garde. Il est possible d’en déduire qu’il s’agissait d’une arme de luxe et que son propriétaire était un personnage de haut rang.
Épée du "chef"de Chaouilley (tombe 20). Chaouilley – entre 520
et 570. Fer et argent. Longueur : 88,5cm ; largeur : 13cm.
MAN76747.2. © MAN – L. Hamon
D’importance locale, le défunt, homme libre, était peut-être même uni au roi par le célèbre lien vassalique. Les deux anneaux d’argent croisés sur l’un des côtés du pommeau auraient servi à matérialiser ce lien d’homme à homme. La croix gravée et niellée figurant à l’extrémité du pommeau peut, elle, être interprétée comme une affirmation de la foi chrétienne. Cette spatha mérovingienne n’était donc pas seulement une arme. Elle était également l’affirmation d’une croyance religieuse nouvelle et la manifestation d’un certain statut social.
Deux épées du même type ont été découvertes en 2002 à Saint-Dizier (Haute-Marne), dans des tombes du VI siècle. Comme
Chaouilley, ce site se trouvait dans l’Austrasie, partie du royaume mérovingien s’étendant de la Champagne à la Hesse (aujourd’hui en Allemagne). Le Musée d’Archéologie nationale s’associe d’ailleurs actuellement au musée municipal de Saint-Dizier pour présenter une exposition consacrée à l’Austrasie mérovingienne...
Musée d’Archéologie Nationale
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