• Véhicules de légendes

Véhicules de légendes

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Véhicules de légendes, un marché en évolution...

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Les véhicules d’exception de l’entre-deux-guerres voient leurs acquéreurs diminuer. Les sportives, elles, ont la côte. Tour d’horizon d’un marché particulier, constitué de collectionneurs passionnés et de néophytes nostalgiques.

Un marché étroit, peu de commissaires priseurs spécialisés, des véhicules «dans leur jus» rarissimes voire inexistants : le pessimisme n’est pourtant pas de mise chez les collectionneurs de véhicules anciens. Une nouvelle génération d’acheteurs, fascinés par les sportives de l’après-guerre jusqu’aux années 70, émerge, aux dires des maîtres de la question. Ils affirment unanimement que le plaisir du collectionneur est de rouler. Par conséquent, ce sont les voitures performantes qui attirent dans les salles des ventes. Pour Jean-Pierre Osenat, «on rêve d’avoir ces voitures mais surtout de les conduire». Ce théorème se vérifie lors de manifestations prestigieuses telles que Le Tour Auto Lissac, où 300 voitures ayant couru dans les années 50 à 70 se sont alignées sur la ligne de départ en avril. Dauphines, Porsches 911, Alfa Romeo, Aston Martin, Lotus et consoeurs concourraient, pour le grand bonheur des amateurs. Les courses et les rallyes de voitures de collection sont nombreux en France et à l’étranger, dévoilant des collectionneurs aussi nombreux qu’il y a de voitures à collectionner. Pour Hervé Poulain, d’Artcurial, «hors les très grandes voitures, les grandes Ferrari à très peu d’exemplaires, ou équivalent, sur lesquelles il y a des espoirs d’investissements considérables, l’investissement pour toutes les autres est un investissement de plaisir». Contrairement aux collectionneurs d’objets d’art, on peut devenir collectionneur de véhicule en achetant un seul modèle, pourvu qu’il soit rare, exceptionnel ou qu’il ait marqué l’histoire de l’automobile.


Le prix du rêve
De nombreux passionnés avouent que leur collection s’enracine dans leurs souvenirs de jeunesse, à un âge où ils étaient fascinés par des voitures de rêve qu’ils ne pouvaient s’offrir. Des années plus tard, retrouvant les modèles de leur passé dans les salles de vente ou chez des particuliers, ils assouvissent enfin leur désir de conduire un véhicule d’exception. Pour Antoine Raffaelli, grand collectionneur qui a voué sa vie à sa passion, l’histoire a démarré lorsqu’il n’avait que 9 ans, dans Marseille sous les bombardements. Les portes des garages s’envolent et l’enfant répertorie sur un cahier les véhicules découverts par les explosions. Après la guerre, les voitures des années 20-30 se vendent au poids du métal. Les premiers à flairer qu’elles seront réhabilitées par l’Histoire sont les Américains. Puis l’Europe s’intéressera aux modèles dans années folles à partir des années 60. Aujourd’hui, malgré l’engouement pour les sportives, les connaisseurs se les arrachent, avec d’autant plus de hargne si elles ont conservé leur état d’origine. Ainsi une Mercedes-Benz SSK de 1929 s’est vendue plus de trois millions d’euros en février, chez Artcurial, battant ainsi tous les records d’enchères dans le monde. «Les voitures des années 24 à 34 sont des voitures merveilleuses. Imaginez qu’on choisissait ses tissus, que des tapisseries d’Aubuisson ont été spécialement commandées pour certaines d’entre elles ! Les boiseries étaient en essences rares : palissandre de Rio, bois de rose, de violette, … Il pouvait y avoir des incrustations en nacre, des petits pots de parfum, des verres en cristal dans des bars intérieurs. On trouvait même des rideaux de soie aux vitres, pour se prémunir du soleil ou se cacher des regards extérieurs. Jusqu’aux carrosseries qui étaient faites sur mesure ! Mais le plus important est que toutes les évolutions mécaniques sont nées à cette période.», explique Antoine Raffaelli, pour qui les voitures de cette période surpassent toutes les voitures de collection.   Aujourd’hui il est difficile de dénicher des véhicules de l’entre-deux-guerres. Le mythe de la découverte dans une grange oubliée ou dans un garage de famille a fait long feu.
Les restaurations critiquées
Les collectionneurs procèdent à des échanges entre eux ou achètent des exemplaires en mauvais état. Selon les puristes, il apparaît que de nombreux acquéreurs, méconnaissant les règles de l’art et l’état d’origine, ont procédé à des restaurations aberrantes, remplaçant le hêtre ou le châtaignier atténuant les vibrations du moteur par du noyer, ou utilisant des cuirs de sacs à main de luxe au lieu des cuirs épais destinés à absorber les graisses, obéissant ainsi à des critères esthétiques contraires aux exigences mécaniques d’époque. Quant aux voitures d’après-guerre, mis à part quelques modèles d’exception, elles ont souvent connu des conducteurs multiples, peu soucieux de leur entretien à long terme. Autoretro citel’exemple de la Porsche 911 Super Carrera, dont la cote afortement chutée, du fait du nombre important de modèles mal entretenues.


Côte et état font le prix
Pour Jean-Pierre Osenat, commissaire-priseur à Fontainebleau, «une voiture est administrativement qualifiée de collection quand elle a plus de 25 ans. Pour sortir de l’ordinaire, elle doit être unique, extrêmement rare, retirée du marché, bien sûr. Et là, on pourra la qualifier de voiture d’exception. Les passionnés sont de deux types. Il y a ceux qui aiment les voitures ayant subi une restauration «de concours», parfaite. Et il y a ceux qui aiment les voitures «dans leur jus». Leur rêve est de tomber sur une voiture restée intacte dans un garage pendant 50 ans, avec son odeur d’essence si particulière et de l’huile sous le moteur.» En France, la côte est calculée en fonction des fluctuations du marché, de l’état des véhicules et elle est estimée par un collège de journalistes. Dans les autres pays d’Europe, elle est établie suivant une compilation des résultats des transactions. Sur un marché où il y a peu de marchands professionnels, il semblerait régner une certaine transparence des prix. Les acheteurs, essentiellement des passionnés ou des nostalgiques, donnent à l’automobile un statut particulier, plaçant ainsi les arts industriels au même plan que les arts majeurs. Hervé Poulain explique l’engouement actuel pour les véhicules de collection : «Beaucoup de gens sont convaincus que le marché de l’art est un autre monde, auquel ils n’ont pas accès. Il n’y a pas ce fossé avec l’objet automobile».