Georges Mathieu, décédé en 2012, était né en 1921 à Boulogne-sur-Mer. Il fut l’un des maîtres de la peinture du XXéme siècle, créateur de l’Abstraction lyrique. Son esthétique est indissociable d’une éthique et d’une métaphysique qui remettent en cause le système de pensée, de Platon à Heidegger, sur lequel repose le monde occidental. Le combat qu’il mène depuis plus d’un demi-siècle contre l’humanisme cartésien se traduit picturalement par la primauté du geste sur la pensée.
Inventeur de signes, ceux-ci précèdent le sens pour une inversion sémantique qui bouleverse notre vision millénaire de la peinture. Sa dialectique picturale postule l’improvisation, la spontanéité, la vitesse requises au nom de l’imaginaire, de l’inconnu et du risque qui ont pour conséquence immédiate sa pratique, novatrice, de peindre en public des toiles gigantesques dans un temps record. Mathieu renoue avec la démarche des grands mystiques (Saint-Jean de la Croix) comme avec celle des peintres orientaux.
Le public japonais reconnaîtra très tôt dans le peintre, un des siens. Acteur insigne de l’aventure abstraite des années 50 et ordonnateur des grandes expositions historiques qui révèlent Wols et Pollock et confrontèrent pour la première fois peinture américaine et peinture française, Mathieu a poursuivi son parcours en solitaire. Dès 1958, des rétrospectives ont lieu dans le monde entier, alors que des expositions sont organisées dans les plus importantes galeries françaises et internationales.
Peintre, écrivain, philosophe, il milite avec une ardeur peu commune pour une prise de conscience ouvrant sur une entreprise spirituelle, pour une «renaissance de demain», dont témoignent dès 1972 ses livres, parmi lesquels le plus récent «désormais seul face à Dieu» (1998). Georges Mathieu, le premier, a osé ce «saut dans le vide» revivifiant l’énergie primitive à partir des fulgurances des signes, de la prolifération des taches et du déchaînement flamboyant des couleurs, pour un art prophétique.
Lydia Harambourg, journaliste et critique d'art, écrit essentiellement sur la peinture des XIXe et XXe siècles, et plus particulièrement sur l’École de Paris. Depuis 1998 elle tient la chronique hebdomadaire des expositions dans La Gazette de l'Hôtel Drouot. Elle a déjà publié de nombreux livres aux Editions Ides & Calendes, dont L'École de Paris 1945-1965 : dictionnaire des peintres, Dictionnaire des peintres paysagistes français du XIXe siècle.
Format : broché, 12 x 17 cm.
140 pages
30 pages d’ illustrations en couleur
ISBN 978-2-8258-0252-6
Prix: 24 Euros
Éditions Ides et Calendes
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