En 1880, en raison de l’affluence des curistes, on songe à agrandir le casino devenu trop étroit. Mais il faut attendre la convention de 1898 pour que les travaux, d’un montant estimé à plus de trois millions de francs, soient décidés. La Compagnie Fermière confie cette tâche aux architectes Charles Lecœur et Lucien Woog.
Les travaux commencent en décembre 1898 et se terminent en 1902. Ils consistent en la transformation complète de l’ancien casino conçu par Charles Badger, et en l’adjonction, à droite de celui-ci, d’une salle d’opéra, de salons et d’un vaste hall. Les nouveaux théâtre, salle, scène et dépendances s’inscrivent dans un rectangle irrégulier au sud, en raison du tracé oblique de la rue du Casino.
Tandis que la salle de bal se transforme en un salon des fêtes, actuelle salle Napoléon III, l’ancienne salle de théâtre devient un salon de jeux.
ue générale intérieure de la salle de bal de Badger appelée salle Napoléon III,
vers 1936, fonds Manias
Casino de Vichy, ancienne salle de spectacle transformée
en salle de jeux par Charles Lecœur, fonds Manias
Coupole de la salle du théâtre-opéra,
détail du lustre circulaire à motifs de lyres, 1989
La nouvelle salle d’opéra qui peut contenir 1 400 spectateurs, est probablement le seul théâtre Art nouveau en France. Le décor, élaboré dans des teintes or et ivoire, est signé du peintre décorateur polonais Léon Rudnicki, auteur également des décorations du grand établissement thermal, et dont les œuvres s’inspirent de motifs floraux.
Pourtour de la salle de théâtre, portes des loges - Salle du théâtre avant restauration
La salle est couverte en son centre d’une coupole monumentale ornée d’une couronne de lyres ; le décor des pendentifs représente des visages d’artistes tels que Sarah Bernhardt, Réjane, Coquelin, Cléo de Mérode, Mounet-Sully. Sur le front de scène, deux paons blancs, perchés sur des harpes, encadrent les dates « 1864 » et « 1901 » et le masque de la Tragédie.
Détail du décor du pendentif de la coupole : masques et lyre
Abside de l’avant-scène, décor peint, date 1864-1901 entre deux paons
Le grand hall-promenoir sert de lieu de rencontres et de foyer. Longtemps appelé « salon de l’Arlequin » en raison du nom de la statue de Charles-René de Saint-Marceaux (1845-1915) qui était alors placée en son centre, il est devenu la « salle Berlioz » où l’on donne des bals et des conférences. De plan centré, légèrement ovale, cette salle est couverte par une grande verrière ornée, d’environ 15 mètres de diamètre, dont l’armature métallique est due à Royer, et les parties vitrées au peintre-verrier Delou. Elle s’ouvre à l’est et à l’ouest par trois grandes portes cintrées qui la mettent en communication à la fois avec l’édifice primitif mais aussi avec le couloir latéral de la salle d’opéra.
Grand hall appelé salon de l’Arlequin puis salle Berlioz, vers 1936, fonds Manias
Arlequin du sculpteur Saint-Marceaux, photographie,
1936, fonds du musée de l’Opéra de Vichy
Le sculpteur Pierre Seguin (1872- ?) exécute la sculpture ornementale de pierre et de staff de ce nouveau casino, notamment les deux masques des angles supérieurs de la façade principale donnant sur le parc. L’un féminin, l’autre masculin, ils représentent des motifs décoratifs inspirés de l’Égypte et de la Mésopotamie. Le principal décor de cette sobre façade est constitué des fers forgés réalisés par le ferronnier Émile Robert : les motifs sont des pavots et des chrysanthèmes donnant naissance à des spirales décoratives. De part et d’autre des trois portes d’entrée du théâtre, le tympan circulaire des baies est surmonté des visages d’Arlequin à gauche et de Colombine à droite. L’architecture extérieure ne fait pas preuve d’une grande originalité, contrairement au caractère sophistiqué du décor Art nouveau de l’intérieur.
Masque de Colombine sur la façade nord du théâtre &
Masque d’Arlequin sur la façade nord du théâtre
La Compagnie Fermière met alors tout en œuvre pour faire de Vichy non seulement la «reine des villes d’eaux», mais aussi la «reine de la musique». La programmation du casino est faite pour séduire le curiste et le faire revenir à chaque saison pour admirer les grands noms du spectacle tels que Fontaine et Verdier pour les ténors, Albers et Riddez pour les barytons, mais également Sarah Bernhardt, qui joue « Phèdre » en 1896 dans le casino enthousiaste. Divers agrandissements ont été réalisés entre 1911 et 1920 et en 1925 par l’architecte de la Compagnie Fermière, Gustave Simon, qui remplace notamment la véranda par une marquise en verre qui reprenant toutefois la structure porteuse et donc aussi le plan circulaire. Ces agrandissements permettent surtout de perfectionner la salle de l’opéra en la dotant d’une machinerie très élaborée.
En 1995, le casino a été entièrement restauré à l’identique et enrichi d’espaces contemporains pour la création d’un lieu entièrement dédié au tourisme d’affaires, l’actuel palais des Congrès-Opéra, conçu par l’architecte Jean-Guilhem de Castelbajac.
Casino-opéra : détail des grilles de fer forgé par le ferronnier Émile Robert,
photographie vers 1936, fonds Manias
De nouvelles salles ont été creusées dans les sous-sols, dont l’espace Sévigné, qui s’avance sous la terrasse, et la salle Albert-Londres. Le théâtre de Charles Badger, devenu salle de jeux lors de l’agrandissement de 1900, est réaménagé sous le nom d’auditorium Eugénie. Classé au titre des monuments historiques en 1996, cet ensemble est le seul en France à accueillir un palais des congrès dans un site classé.
Façade du casino, affiche Vichy PLM, par Louis Tauzin
Renseignements et informations
Office de Tourisme et de Thermalisme de Vichy
9 rue du Parc - Boîte postale 62677
03206 VICHY cedex
email : tourisme@ville-vichy.fr