« Nul être humain ne nous a précédé dans ces profondeurs, nul ne sait où nous allons ni ce que nous voyons, rien d’aussi étrangement beau ne s’est jamais présenté à nos yeux, ensemble et spontanément nous nous posons la même question réciproque : est-ce que nous ne rêvons pas ? »
Edouard-Alfred Martel
Situé dans le département du Lot, le Gouffre de Padirac est classé premier site du patrimoine souterrain français. Il est considéré comme l’une des plus grandes curiosités géologiques de France. Cavité naturelle d’un diamètre de 33 mètres et d’une profondeur de 75 mètres, ce puits gigantesque attire chaque année près de 450 000 visiteurs, du début des vacances de Pâques jusqu’à la fin des vacances de la Toussaint.
On y descend par 3 ascenseurs. Les plus courageux emprunteront dans un premier temps un escalier d’inspiration Eiffel, totalisant 208 marches sur les 560 qu’ils s’apprêtent à parcourir. La visite du gouffre commence par la découverte de galeries accessibles uniquement à pied. On découvre une roche sculptée et polie par des siècles d’érosion. Quelques centaines de mètres plus loin, un embarcadère apparaît. Les visiteurs prennent place dans des barques par groupes de 11 personnes.
La visite se poursuit au fil de l’eau. La rivière d’habitude profonde de 50 centimètres se transforme en lac de 4 mètres de profondeur appelé Lac de la Pluie.
Apparaît alors une stalactite, majestueuse et saisissante du haut de ses 60 mètres de longueur : voilà, suspendue à quelques centimètres seulement au-dessus de l’eau et comme cherchant à y toucher son propre reflet, la Grande Pendeloque ! Les larmes de pluie qui coulent le long de sa paroi viennent se noyer dans le lac, laissant dans leur sillage le doux clapotis des gouttes sur l’eau, qui berce les visiteurs. Le spectacle est grandiose.
Pour continuer dans les entrailles de la terre, nous devons marcher jusqu’au Grand Dôme, véritable cathédrale souterraine de 94 mètres de hauteur où la vie s’est figée comme pour nous montrer combien la nature est merveilleuse, nous offrant des fleurs de calcaire ruisselant, des bénitiers d’albâtre, des piles d’assiettes, des drapés, de la dentelle, des stalactites, des stalagmites. En redescendant de la salle du Grand Dôme, le visiteur plonge sur la Grande Colonne, spectaculaire stalactite de 75 mètres de hauteur.
Le Gouffre de Padirac constitue non seulement un site géologique touristique majeur à l’échelle mondiale, mais il est de surcroît un objet d’étude grandeur nature pour les enfants. L’année 2012 voit le développement d’un projet de visites pédagogiques à destination des groupes scolaires et adaptées aux différents niveaux de classes. Ces visites s’organisent autour de cinq axes qui présentent un intérêt pédagogique.
Le cycle de l’eau ou la naissance de la rivière souterraine de Padirac
L’eau des océans s’évapore à la chaleur du soleil. Elle rejoint alors l’atmosphère sous forme de vapeur. La vapeur d’eau refroidit en s’élevant et elle finit par former des gouttes qui se condensent en nuages. L’eau des nuages tombe sur les continents lors des précipitations de pluie ou de neige. Arrivées à la surface, les gouttes s’infiltrent dans la terre et la roche pour engendrer de petits ruisseaux souterrains, qui se rejoignent ensuite pour former une rivière souterraine. Le cheminement des gouttes d’eau n’est pas fini pour autant ! A Padirac, cette rivière souterraine fait surface à sa résurgence, la Fontaine St Georges, puis se jette dans la Dordogne. Son cours la mènera jusqu’à l’océan, d’où elle s’évaporera à nouveau pour perpétuer l’immuable cycle de l’eau.
Le système Karstique ou l’architecte des sols.
Le système Karstique consiste en un modelage des sols par l’action de l’eau de pluie qui s’infiltre dans leurs failles. Cette eau se charge en dioxyde de carbone au contact de la végétation. Le CO2 la rend légèrement acide, et cette acidité dissout le calcaire et agrandit les failles. C’est ainsi que se forment les vides souterrains comme les salles et les canyons. En surface, le système Karstique fait apparaître des creux dans le sol appelés dolines, qui sont parfois si profonds qu’on les qualifie de gouffres (« igues » dans le Quercy). Les concrétions se forment par réaction inverse : l’eau, en traversant l’air, dégaze le CO2, devient moins acide et dépose ainsi du calcaire sur la roche. Nombreuses sont les concrétions qui font du Gouffre de Padirac un décor fantastique : stalactites, stalagmites, drapés ou encore gours, barrages de calcaire formés par la rivière... Ces sculptures de la nature sont expliquées aux enfants, comme aux adultes d’ailleurs, lors de leur visite.
Le Gouffre de Padirac, garant de l’équilibre de la biodiversité
Pas moins de 11 espèces de chauves-souris dont 3 menacées ont pris leurs quartiers dans les parties non aménagées du Gouffre de Padirac ! Dans la rivière souterraine, vit une faune aquatique telle que la Niphargus, petite crevette cavernicole blanche et aveugle très fréquente dans les cavités,
ainsi qu’une espèce unique, la Bythinelle de Padirac. Comme son nom l’indique, ce petit escargot aquatique de 3 mm ne vit que dans la rivière souterraine de Padirac ; il s’agit d’une espèce endémique.
Laisser libre cours à son imagination au Gouffre de Padirac
Abîme mystérieux avant son exploration, le Gouffre de Padirac a nourri l’imaginaire collectif. La légende rapporte que Saint- Martin, de promenade sur le Causse à la recherche d’âmes damnées à sauver, y a rencontré Satan qui lui aurait lancé un défi : surmonter l’obstacle qu’il lui désignerait, contre son sac rempli d’âmes. Le Malin aurait alors frappé le sol si fort de son pied fourchu qu’une brèche impressionnante s’y serait ouverte. La monture de Saint-Martin aurait relevé le défi sans difficulté, avec une telle fougue que l’empreinte de son sabot serait encore gravée au sol ! Furieux, Satan aurait disparu au fond du Gouffre... de Padirac. Aujourd’hui encore, visiter le Gouffre de Padirac est pour les enfants l’occasion de se plonger dans un univers fantasmagorique comme ils en rencontrent peu.
La science, reflet de l’évolution des sociétés
Même si le Gouffre de Padirac pousse à la rêverie, ce site rappelle que la curiosité scientifique s’est avérée plus forte que la superstition : elle a permis des découvertes notables grâce à l’exploration, allant jusqu’à la formalisation d’une science nommée spéléologie.
46500 PADIRAC
Tél : +33 (0)5 65 33 64 56 Fax : +33 (0)5 65 33 71 86
info@gouffre-de-padirac.com
© Photos : JC LEMÉE